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Le futur porte-avions français

A quoi servira-t-il ?
Un porte-avions est une vraie base aérienne flottante capable de parcourir 1 000 kilomètres par jour sur les mers. Le PANG s’inscrira dans la continuité des missions déjà assurées par le Charles de Gaulle : des missions dites de « liberté de circulation », qui consistent à naviguer dans des zones contestées tout en respectant le droit international régissant la navigation dans les eaux non territoriales, par exemple en mer de Chine.
Le PANG, comme son prédécesseur, sera aussi un vecteur de la dissuasion nucléaire française puisque les chasseurs qu’il embarque sont capables d’emporter l’arme atomique. De manière plus générale, c’est un formidable outil de puissance et de diplomatie : en décembre 2001, la France menait déjà des missions aériennes au-dessus de l’Afghanistan grâce à la projection en urgence du Charles de Gaulle dans la région. Ce dernier était aussi le fer de lance de l’opération Harmattan lancée par la France sur la Libye, en mars 2011.
Certains commentateurs remettent en cause l’utilité d’un porte-avions à l’heure des missiles hypervéloces. Ces armes manœuvrantes, très rapides, sont aujourd’hui très difficiles à intercepter et pourraient mettre hors-jeu le bâtiment dans les premières heures d’un conflit majeur. Lors d’une audition parlementaire, le chef d’état-major de la Marine, l’Amiral Vandier, a néanmoins rappelé que le porte-avions évolue en permanence avec un vaste groupe aéronaval.
« Si le Charles de Gaulle était installé place de la Concorde, la première frégate de défense aérienne serait située sur le périphérique, la frégate de lutte anti-sous-marine serait à Lyon, le SNA [Sous-marin Nucléaire d’Attaque] en Corse, le Hawkeye [avion de guet aérien, NDLR] en Sardaigne », expliquait-il pour souligner l’ampleur du dispositif de protection qui accompagne le porte-avions.
Le programme du PANG est aussi une manière de sécuriser des compétences françaises uniques au monde, notamment dans le secteur des chaufferies nucléaires navalisées, tout aussi essentielles à la force sous-marine qui les emploie, et donc la force de dissuasion nucléaire.

Comment sera-t-il armé ?
L’architecture définitive n’est pas encore connue, mais le PANG devrait être capable d’emporter une trentaine d’aéronefs, allant du chasseur embarqué à l’avion de guet maritime E2C Hawkeye. Il emportera dans un premier temps des Rafales marine jusqu’à la décennie 2040, où ils devraient être remplacés par le futur chasseur franco-allemand, le Scaf (Système de combat aérien du futur). Tous ces avions nécessitent une catapulte pour être lancés depuis le pont d’envol. Sur le Charles de Gaulle, elles fonctionnent à la vapeur et sont de conception américaine. Sur le PANG, il a été fait le choix de passer à un système novateur : des catapultes électromagnétiques, là aussi américaines. Les États-Unis en équipent leurs nouveaux bâtiments et subissent de nombreux soucis de jeunesse du système, mais Paris a estimé que la technologie sera plus mature lors de la mise en service du PANG.
De tels systèmes sont gourmands en énergie et nécessitent de disposer d’une propulsion nucléaire. Sur le Charles de Gaulle, ce sont deux réacteurs K-15 français d’une puissance de 150 mégawatts qui alimentent le navire pour sa propulsion, en électricité et en vapeur pour les catapultes. Son successeur emportera une version améliorée, le K-22, d’une puissance d’environ 220 MW, soit une petite centrale nucléaire. L’armement propre au navire n’a pas encore été dévoilé, mais devrait comprendre, comme son prédécesseur, des missiles antiaériens, des systèmes balistiques de protection antiaérienne rapprochée et des hélicoptères de lutte anti-sous-marine.

Combien ça coûte ?
Les études ont été officiellement lancées en 2018 avec un budget de 40 millions d’euros par an. Le total est estimé à environ 10 milliards d’euros, bien que ces coûts soient très variables et dépendent de beaucoup de facteurs, notamment du potentiel retard pris par un tel programme industriel, qui mobilise des milliers d’emplois pendant des années. Alors que la loi de programmation militaire des cinq prochaines années (LPM 2024-2030) doit bientôt être dévoilée, Sébastien Lecornu a annoncé que 5 milliards d’euros y avaient déjà été sanctuarisés pour le projet. Un effort essentiel pour ce qu’il décrit comme « une cathédrale de technologie et de compétences humaines de 75 000 tonnes : une usine sur l’eau bourrée de vapeur, d’électronique, de nucléaire », qui emporte 2 000 marins et aviateurs.

À quoi ressemblera-t-il ?
Naval Group, maître d’œuvre sur le projet, a dévoilé le design du PANG lors du salon Euronaval 2022. Disposant de deux pistes et d’un îlot, il n’intègre rien de révolutionnaire en terme d’esthétique, sinon une superstructure travaillée pour être la plus furtive possible. Le remplaçant du Charles de Gaulle fera 75 000 tonnes à pleine charge, soit presque le double. D’une longueur de 300 mètres, il se rapprochera des porte-avions nucléaires américains, géants des mers dépassant tous les 100 000 tonnes. Le design a déjà été testé au moyen d’une maquette de 10 mètres par Naval Group.

Comment s’appellera-t-il ?
Le nom n’a pas encore été dévoilé et sera prochainement choisi par le Président Emmanuel Macron. Certaines voix s’élèvent pour le nommer le « Richelieu », en référence au père de la marine militaire française, sous Louis XIII. Ce nom fut déjà porté par un cuirassé, fleuron de la marine de guerre française de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut aussi un des noms pressentis pour baptiser le Charles de Gaulle en 1986 avant que Jacques Chirac ne change en 1987. Quoi qu’il en soit, son immatriculation sera « R92 », pour faire suite à celle du porte-avions actuel, le R91. Le Comité de rédaction.